Les formations de courte durée, une bonne idée ? Oui mais à certaines conditions.
*Cet article a été rédigé dans le cadre d’une interview pour Htag by Références
« L’initiative est née dans le cadre de la formation en management qui concerne l’effectif le plus large — quelque 85 personnes, confie Brigitte Hudlot, directrice d’ICHEC Formation Continue. Une journée a été ajoutée au programme qui débute désormais un samedi avec un focus sur le développement durable. Avec, bien sûr, la préoccupation que le sujet soit intégré à d’autres moments de façon transversale. Il nous semble essentiel que les enjeux qui y sont liés soient abordés de façon systémique, même si nous avons par ailleurs un programme dédié à l’innovation et aux nouveaux business modèles durables. »
Ce premier regard vise avant tout la sensibilisation et la prise de conscience des enjeux de durabilité. « On pourrait croire qu’en étant attentif à ce que disent les médias et à ce qui vit dans la société, cette étape n’est plus nécessaire. Ce n’est pas le cas : la grande majorité des gens ne sont pas forcément conscients de l’ampleur de la problématique, ni surtout de sa dimension systémique. Bien entendu, on entend beaucoup parler de climat, depuis déjà quelques années, et d’énergie, surtout depuis la guerre en Ukraine. Mais il existe beaucoup d’autres enjeux majeurs, notamment en lien direct avec l’entreprise : la question de l’eau, des ressources minières, des matières premières, etc. Sans oublier les enjeux sociaux. Les problématiques auxquelles nous sommes confrontés sont multi-factorielles, et il importe que les solutions que l’on imaginera le soient également. »
Brigitte Hudlot se veut réaliste : « Si l’on se borne à la mise en évidence des enjeux, on ne peut que distribuer des anxiolytiques au terme de la session ! Ce n’est pas constructif. Le choc ne mène pas à l’action, ni à la transformation. Il mène à la paralysie. C’est pourquoi nous avons décidé d’étendre la sensibilisation à différents certificats — finance, marketing, ressources humaines — en réduisant la partie ‘constats’ à son strict minimum, pour passer très rapidement en mode action. En groupes selon les (futures) fonctions, nous invitons les participants à se questionner : que pouvons-nous faire à partir de nos métiers et de nos domaines de compétences ? Mettre les individus en mouvement et en capacité d’agir est la seule manière de leur donner envie de s’intéresser au sujet et de les mettre en situation de progresser. Et ce sera un plus pour les entreprises. »
En ressources humaines, l’enjeu de durabilité concerne le bien-être et la diversité, mais aussi le recrutement (quels profils recruter pour agir sur la durabilité), le positionnement en tant qu’employeur et la communication interne, la formation aux problématiques liées au développement durable, etc. « Si les RH veulent encore faire progresser leur crédibilité auprès de l’équipe de direction, ils doivent intégrer ces dimensions et venir en support des autres départements de l’organisation », précise Brigitte Hudlot. En finance, la durabilité amène des questionnements en matière de crédits, de comptabilité, d’investissements, etc. « Quant au marketing, il lui faut absolument dépasser le green-washing. Jusqu’ici, toutes les approches marketing ont été abondamment mobilisées pour pousser la consommation. Il est désormais temps d’analyser comment les mettre au service d’un changement des comportements pour les rendre plus vertueux. Aujourd’hui, le développement durable ne peut plus être l’affaire d’un seul département, RSE ou autre, mais doit s’intégrer dans les activités de toutes et tous dans l’entreprise. Et la formation doit y contribuer. »
